Mercredi le 28/10/2020
L'INUTILITÉ DES AMBASSADES AU 21ème SIÈCLE
de Jean-Paul Pougala
(Leçon de Géostratégie Africaine n° 40 - extraite du Tome 6)
Son Excellence monsieur l’Ambassadeur, Son excellence Monsieur le Ministre Plénipotentiaire, Son excellence monsieur le ministre, son excellence monsieur le président de la république… telles sont les tares que la République française a hérités de son passé royal. Dans ce passé, il devait y avoir une nette distance entre les citoyens appelés « sujets » et les gouvernants qualifiés de tous les adjectifs de prestige et d’honneur, afin de bien marquer cette distance abyssale avec le peuple.
La Révolution Française devait marquer la rupture avec ce passé en redonnant au peuple le pouvoir en faisant en sorte que le pouvoir soit l’expression du peuple. La République est arrivée mais les structures et les privilèges des princes sont restés. Les nouveaux rois ont pris leurs places. Ils ne s’appellent plus Rois, ils s’appellent Présidents de la République. Les nouveaux princes sont apparus, ils ne s’appellent plus princes, mais ils ont maintenant le titre d’Ambassadeurs, de Ministres plénipotentiaires etc…
Au 21ème siècles, le monde a tellement changé mais les fonctions princières et royales sont restées les mêmes. Quelles utilités a encore de nos jours cette institution vétuste qui prend le nom de Représentation diplomatique ?
Dans le passé, les longues distances étaient parcourues uniquement à cheval et pour envoyer un message d'un point A vers un point B, le messager pouvait mettre entre 3 mois à un an. D’où l’importance d’avoir sur place une représentation qui puisse répondre en temps réels à des questions aussi importantes que l’entrée en guerre. Aujourd’hui, les nouveaux moyens de communication font que presque tous les télégrammes et télex des ambassades sont inutiles, parce que les agences de presse et les téléphones portables qui ont fait de tout citoyen un journaliste potentiel, ont rendu complètement caduc et vide de contenu le travail des représentations diplomatiques.
Le regroupement des états en entités supranationales comme l’Union Africaine, la Communauté des Etats Indépendants ou l’Union Européenne pousse le rapport des nations vers une configuration multilatérale. Or un Ambassadeur est au mieux de sa capacité, dans une vision bilatérale des relations entre deux pays. Sur le plan pratique, il est donc évident que tout le prestige que la France croit tirer de son ambassade romaine dans le superbe Palazzo Farnèse, est tout simplement de l’argent jeté par la fenêtre. Parce que les 98% des relations entre la France et l’Italie sont désormais décidés à Bruxelles. Et pour le reste, en cas de nécessité, le président Français peut juste soulever le téléphone et parler au Président du Conseil Italien sans filtre et en toute simplicité.
C’est la prise de conscience de cette inutilité qui explique le fait qu’un peu partout les informations et les scandales qui touchent les ambassades sont tout sauf de la diplomatie ou l’activité de rapprochement pacifique et d’amitié entre les peuples du monde d’entier. Dans certains cas, la représentation diplomatique est plutôt le symbole de l’hostilité contre le pays qui abrite l’ambassadeur et qu’on prétend respecter et en développer l’amitié avec le pays qu’on représente. Nous allons voir quelques exemples :
1- LES USA
En Avril 2008, la chaine de télévision américaine NBC, montre les images de ce qu'elle définit comme la "mère de toutes les ambassades" c'est-à-dire la nouvelle ambassade américaine en Irak, voulue par le président américain Georges Bush Junior. C'est une forteresse de 40 hectares pour avoir une Amérique en miniature au cœur du continent asiatique : Piscine, restaurants, parc de loisirs, salle de gym, terrains de tennis et de basket, la chaine de télévision américaine nous précise même que cette ville dans la ville possède sa propre centrale électrique et sa station d’épuration d’eau. On a envie de se demander ce que tout cela a à voir avec la diplomatie, cette forteresse avec des murs en béton armé de 7 mètres de hauteur. Mais on comprend très vite le ridicule dans lequel baigne l'ensemble de la profession d'ambassadeur lorsque la NBC dit à la fin ce que cette folie de grandeur a coûté en construction : 300 millions de dollars, pire, ce que cela va coûter en entretien : 2 milliards de dollars chaque année au contribuable américain pour entretenir les 21 bâtiments, 1000 bureaucrates et 4000 employés de l'ambassade américaine de Bagdad. Il y a des appartements pour héberger 600 personnes avec une somptueuse résidence de 4 900 m2 pour le tout premier Ambassadeur au monde devant profiter de telles installations, Son Excellence Monsieur Ryan Crocker.
En contre partie, qu'est-ce que cela va rapporter au peuple américain ? RIEN, oui, vous avez bien compris cela ne va rien rapporter au contribuable américain ou juste pour montrer les muscles de king-kong aux pauvres Irakiens. Déjà en 2012, 50% des entreprises qui ont gagné le marché de la reconstruction en Irak appartiennent des fonds souverains chinois. La China a tout simplement attendu qu'elles gagnent ces marchés colossaux pour lesquels sont morts plus de 5000 marines américains, pour aller les acheter à la bourse.
Et la cerise sur le gâteau, mieux, la cola sur le vin de palme, c'est le magazine français VSD du 30 avril 2008 qui nous le révèle à propos de la plus couteuse ambassade américaine dans le monde : le cabinet d’architectes employé par le gouvernement américain, Berger, Divine Yaeger Inc, aurait naïvement posté les plans des maquettes sur le site Internet de la compagnie, ce qui fait que tout ennemi des USA détient à l'heure actuelle, les plans de toutes les constructions de ces 40 hectares, rendant complètement inutile sur le plan de la sécurité, cette ambassade. Il est vrai que le modèle politique désigné avec le nom de "démocratie occidentale" est le système dans lequel le peuple est le plus berné et content de l'être, mais tôt ou tard, le peuple américain comprendra qu'avec 2 milliards par an que les politiciens américains arnaquent pour maintenir cette folie; et ce jour là, conjugué à d'autres arnaques de ses dirigeants politiques, lui aussi va se révolter dans un probable "printemps américain" et il ne faut pas être surpris du sort que sera alors réservé à ce complexe : démantèlement.
2- LA FRANCE
Avec ses 171 ambassades dans autant de pays, 98 postes consulaires et 17 représentations dans les organismes internationaux, la France est le deuxième rang mondial de réseaux diplomatique (derrière les USA). Il n'y a que 31 pays dans lesquels la France n'a pas d'ambassade ou de consulat, très loin devant la Russie, le Royaume Uni, l'Italie et la Chine. Cette deuxième place offre-t-elle à la France un avantage probant par rapport aux autres états qui en ont moins ? Parce que ce record ne suffisait pas, on a ajouté une bêtise à la française dénommée Ambassadeur à thème. Ce qui porte le nombre total des Ambassadeurs français à 191.
Les dirigeants français ont profité du système de la représentation diplomatique pour assouvir leurs désirs de clientélisme politique. Nous prendrons 2 exemples très parlants :
- Ambassadeurs à thème : Comme la France avait déjà occupé tous les 171 postes d'ambassades françaises dans le monde, c'est le président Chirac qui eut cette idée géniale d'en inventer d'autres et de faire avaler la pilule au peuple en les désignant comme des Ambassadeurs à thème, avec bureau, chauffeur, frais de réception et de déplacement dont le principal but était de recycler les ministres qui perdent leur portefeuille ministériel. Et son successeur Sarkozy l'a multiplié par 5 pour passer à 20 Ambassadeurs thématiques. Ce qui fait dire à la Sénatrice centriste Nathalie Goulet définissant ces Ambassades thématiques ceci : « Ce sont des postes créés pour recaser des copains politiques en mal d’exotisme ! ».
Comment ne pas lui donner raison, lorsqu’on lit dans le Canard Enchaîné du mercredi 9 novembre 2011 que par exemple Gilles de Robien (UMP), qui a été ministre de 2002 à 2007 et qui perd son poste ministériel en 2007 est immédiatement nommé par Nicolas Sarkozy, dès le mois d'octobre 2007 et en toute cachette Ambassadeur « chargé de la cohésion sociale. » Coût pour le contribuable français : 500.000 €/an. D'autres anciens ministres occupent des postes d'Ambassadeurs avec des qualificatifs des plus ronflants, pour ne pas dire ridicules, comme : "Ambassadeur chargé la prévention des conflits en Afrique", "Ambassadrice chargée de la réflexion sur la rénovation des sommets France-Afrique". Ce qui fait conclure à la sénatrice Nathalie Goulet : « A-t-on vraiment besoin d’un ambassadeur chargé de la Shoah, de l’adoption, du climat, itinérant pour l’Asie, de la lutte contre la piraterie maritime, de la rénovation des sommets France-Afrique, de la criminalité organisée, etc…Tous ces ambassadeurs peuvent être remplacés par des fonctionnaires des ministères concernés à moindre coût ».
Cette dérive montre à quel point la fonction d'Ambassadeur est, aujourd'hui, complètement désuète, pour ne pas dire inutile, dès lors que les politiciens montrent très clairement qu'ils sont les premiers à ne pas y croire.
3- LES ÉCOLES DE FORMATION DES AMBASSADEURS OBSOLÈTES
L'inadaptabilité des ambassadeurs au monde du 21ème siècle vient aussi du fait que plusieurs pays suivent le modèle erroné français de la formation des Ambassadeurs. Les ambassadeurs formés pour cette carrière sont porteurs d'une faiblesse de départ : ils sont formatés à la pensée unique, ils sont formatés à un certain formalisme qui trouve ses limites dans les problèmes toujours plus complexes des relations internationales. La conséquence est l'échec de la plupart des négociations pour la solution de presque tous les conflits du monde, de la Birmanie à la Côte d'ivoire en passant pas la Libye, et la Syrie ou l'Iran. Les Ambassadeurs ne sont pas habitués à la critique, à des positions contradictoires, ils ont le droit de vie et de mort sur leurs collaborateurs et l'essentiel de leurs activités est de poster des télégrammes avec des contenus des plus fades. Cette répétitivité de messages inutiles et vides de sens les infantilise à la longue et transforme la plupart des ambassadeurs en personnes complètement désuètes dans la solution des plus grands conflits mondiaux. A leur place, il faudrait de vrais commerciaux, qui par leurs formation et leur expériences du terrain savent que personne ne leur déroulera le tapis rouge pour faire fleurir leurs idées ou soutenir leurs intérêts.
Certains pays l'ont compris et ne forment plus leurs ambassadeurs, mais les recrutent comme on le ferait pour n'importe quelle entreprise sur le marché, en variant au maximum le personnel qui composera le corps diplomatique. C'est le cas du Royaume Uni qui ne forme pas les Ambassadeurs, mais les recrute par concours auquel participe toute personne qui a un niveau de 3ème cycle universitaire. Les Etats-Unis d'Amérique recrutent leurs ambassadeurs sur un vivier très large de toute les personnes âgés de 25 à 55 ans qui peuvent venter une expérience professionnelle dans tout domaine d'activité.
4- UNE DIPLOMATIE RONGÉE PAR LA CORRUPTION
A- LA SUISSE INSOUPÇONNABLE
C’est depuis le début de la crise économique en Europe qu’on recense une explosion des corruptions impliquant les ambassades de presque tous les pays européens en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique. C’est la vente des visas, c’est le trafic d’êtres humains, c’est la mafia qui s’est installée au cœur même de plusieurs ambassades et consulats de certains pays européens. C’est en tout cas ce que nous révèle le journal dominicale de la Suisse alémanique "SonntagsZeitung" dans son édition du dimanche 27/06/2010 publiant la liste de 32 Ambassades et consulats Suisses minés par la corruption, dont 14 en Asie, 10 en Afrique et 5 en Europe ; information confirmée par le Département Fédéral des Affaires Etrangère (DFAE) de Michelle Calmiray en fournissant plus de détails sur les noms des ambassades et consulats incriminés, notamment ceux de Pékin, Moscou, Bombay, New Dehli, Istambul, Shanghaï, Kiev, Belgrade, Pristina et Bangkok, mais aussi les ambassades suisses au Pérou, Nigeria, Serbie, Congo l'Erythrée.
Le journal cite Martin Dahinden, chef de la Direction des ressources et du réseau extérieur au DFAE qui dit : « Dans le combat contre les abus impliquant des visas, on a souvent affaire avec des organisations impliquées dans le trafic de drogues et de femmes ».
On est ainsi arrivé à l’extrême conséquence de la fermeture de l’Ambassade Suisse à Islamabad au Pakistan le 30 Avril 2010 avec un communiqué du DFAE nous informant d’un gigantesque trafic de visa impliquant 8 diplomates suisses et 21 employés Pakistanais où était exigés aussi des prestations sexuelles et de l’argent en échange d’un visa pour la Suisse, validité Schengen.
Lorsqu’on va fouiller les archives, on découvre que c’est toute la profession qui est pourrie, car en restant au Pakistan, on découvre que le 18 Mai 2006, c’est le même DFAE qui émanait un communiqué pour nous annoncer une sanction disciplinaire contre les diplomates en poste dans le pays asiatique, il s’agissait alors de l’Ambassadeur en personne, M. Denis Feldmeyer visé par l’enquête disciplinaire suite à l'affaire des visas au Pakistan. Mais aussi son prédécesseur et le chef de la chancellerie. Sans attendre la fin de l’enquête, Monsieur Feldmeyer sera muté à Berne où il attendra un an pour être nommé en Islande par décret du Conseil Fédéral, (Département fédéral des affaires étrangères) du 23 Aout 2007.
Le cas de la Suisse est l'arbre qui cache la forêt de la gigantesque corruption des ambassades européennes dans les pays à forte pression migratoire à l'entrée en Europe. Mais comme le sujet est tabou pour ne pas écorner l'image radieuse de la diplomatie, alors bouche cousue pour tout le monde.
B- LA FRANCE IMPRÉVISIBLE
Pour solutionner son problème de corruption de ses diplomates, c’est la France qui va prendre une solution radicale et complètement imprévue : En Chine, elle va tout simplement confier la section des visas à l’état chinois, à travers une entreprise publique qui s’appuie sur la police chinoise pour rendre efficace le travail que lui a confié l’état français. C’est en tout cas ce que nous dévoile Franck Renaud dans son livre enquête sur les dessous de la vie des ambassadeurs intitulé « Les Diplomates » publié en Juin 2010 aux Éditions Nouveau Monde.
Cela peut sembler complètement ahurissant, surtout lorsqu’on voit les politiciens français parler de la Chine comme le monstre à détruire. Et tout cela s’est fait sous la présidence Sarkozy, au même moment où ce dernier menaçait de ne pas aller aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008, dans ce pays dictatorial qui ne respecte pas les droits des hommes, tant que le peuple Tibétain n’aurait pas eu sa place dans le dialogue paritaire avec Pékin. Et on découvre sur le terrain que cette même France avec ce même président a tout simplement renoncé à la souveraineté française pour l’octroi des visas d’entrée sur son territoire, pas au profit d’un autre pays de l’Union Européenne, pas au profit d’un autre pays de la zone Schengen, mais au profit de ce pays qu’on a insulté de tous les noms et qui a valu à la France 2 ans de mise à pied de la part de la Chine, révoquées après de nombreux voyage de supplication de Jean Pierre Raffarin à l’ « Empire du Milieu ».
5- UN PRESTIGE AU SERVICE DU CLIENTÉLISME
A- L’ITALIE
L’Italie paye chaque année pour ses 325 Ambassades et consulats à l’étranger, la somme de 1,7 milliards d’Euros (1.115 milliards de FCFA/an). Qu’est-ce que cette somme ainsi investie rapporte au pays le plus endetté de toute l’Europe avec une dette publique de 1.950 milliards d’Euros (1,3 millions de milliards de FCFA), 4,8 fois la dette de tous les pays africains. Une dette qui augmente chaque jour de 780 millions d’Euros, c’est-à-dire qu’elle augmente toutes les 2 secondes d’environ 1 million d’Euros (655,9 millions de Fcfa chaque 2 secondes). Dans la folie de ce train lancé à grande vitesse qui se précipite droit dans le mur, il y a le scandale de la rémunération des ambassadeurs.
C’est le quotidien italien Il Fatto Quotidiano dans son édition du 10 décembre 2011 qui mettait le doigt sur la comparaison entre l’Allemagne et l’Italie et la corrélation entre leurs économies et leurs diplomaties. Il en ressortait que l’Italie qui peinait à trouver de l’argent sur les marchés à un taux de 6%, lorsque l’Allemagne le trouve facilement à un taux de 1%, payait son ambassadeur à Berlin 2 fois plus cher que le salaire de la chancelière Angela Merkel. Ainsi, le journal italien nous informe que l’Ambassadeur Michele Valensise nommé à Berlin par Silvio Berlusconi, dirige une équipe de 58 personnes, touche un salaire net de 20.000 €/mois, alors que Angela Merkel qui dirige la troisième puissance mondiale, avec 80 millions d’habitants touche un salaire de 9.072,43 €/mois.
L’Ambassadeur en vaut 20, la Chancelière 9. Il s’agit d’un vaste réseau de pur clientélisme, où la diplomatie n’a rien à voir et qui profite aux familiers de politiciens, qui arrive jusqu’au paradoxe qui fait que le chauffeur de l’Ambassadeur d’Italie avec un salaire mensuel de 6.000 Euros par mois gagne bien plus que le président de le Fédération de Russie avec ses 17 millions de km² qui touche seulement 4.860 €/mois (3,2 millions de FCFA/mois), malgré que le pays croule sous le poids du gaz et du pétrole, révèle le journal italien.
Et le Sénateur du Parti Démocrate Claudio Micheloni, président de la Commission des Affaires étrangère du Sénat Italien qui s’insurge du fait que 0,1% de la richesse du pays est engloutie dans une filière complètement inutile comme celle des diplomates avec la preuve la plus criante du clientélisme à l’intérieur de l’Ambassade italienne de New Delhi en Inde où les amis, les frères et les amants de politiciens nommés depuis Rome touchent un salaire de 80.000 Euros/an alors qu’un débrouillard italien qui n’appartient pas à la même caste et qui exerce exactement la même fonction, touche 6.000€/an, payé selon un contrat de droit indien. Et Micheloni de nous dire : « le plus grave dans tout ça c’est qu’on ne sait pas qui nomme qui ».
6- UN CAFOUILLAGE INFINI
Pris dans le tourbillon d’un nouveau monde non maîtrisé, on assiste depuis une dizaine d’années à une forme de cafouillage indescriptible dans les ambassades. Des décisions non réfléchies ou non suffisamment muries qui débouchent sur des résultats en complète contradiction avec les objectifs affichés.
C’est Nicolas Lecaussin de la Fondation IFAP, ce Think Tank dédié à l’analyse des politiques publiques, à travers son rapport intitulé « La diplomatie française, un rayonnement très coûteux » met le doigt dans la plaie lorsqu’il dit dans sa conclusion que la « La diplomatie française va à vau l’eau (…) Les ambassadeurs passent le temps à effectuer de meilleurs rapports et une fois achevés, ils les mettent de côté. » Il invite à ne jamais se contenter du site web des ambassades qui sont une merveille, mais qui cachent tellement de misère comme un mauvais film dit-il. Il cite enfin le diplomate Jean-Michel Dijinan qui nous fournit une preuve du cafouillage de la diplomatie française en ces termes : "A Lubumbashi, deuxième ville de la République démocratique du Congo, la France décide opportunément de créer en 2000 un poste d’attaché culturel adossé à la réouverture, en plein cœur de la ville, d’un centre fermé depuis dix ans. Deux ans de travaux et de négociations pour aboutir, en juillet 2003, à la fermeture d’un bâtiment entièrement rénové, disposant de 4500 ouvrages neufs et qui aura coûté 170.000 euros. Avec, en prime, la suppression du poste d’attaché culturel !"
7- AMBASSADES AFRICAINES ACCUSÉES DE BLANCHIMENT D’ARGENT SALE
C’est en fin septembre 2010 que la banque américaine JP Morgan envoie une lettre à 150 ambassades accréditées aux Nations Unies à New-York pour leur annoncer la clôture de leurs comptes au 31 Mars 2011. Si pour des pays comme la Russie, la Chine ou la France, ouvrir des comptes dans de nouvelles banques n’a pas été un problème, par contre la presque totalité des pays africains ont eu du mal à trouver une autre banque qui les accepte, transformant de fait la faiblesse qu’incarne l’absence de conception idéologique de la pléthore des ambassades africaines en condamnation effective.
En effet, la lettre de JP Morgan n’inculpait aucune ambassade en particulier, mais puisqu’au final ce sont les ambassades africaines qui se sont vues refuser l’ouverture de nouveaux comptes dans d’autres banques, tout le monde a retenu par déduction que ce sont les Africains qui étaient le plus mis en cause. Et même l’intervention de l’Union Africaine ou du Secrétaire Général des Nations Unies n’a pu rien faire. On a ainsi assisté à des situations terrifiantes où des ambassades africaines ont été privées d’électricité, d’eau et de gaz pour cuisiner dans les résidences des ambassadeurs ; des diplomates incapables de payer l’essence pour faire rouler leurs voitures pour se rendre au travail, des mises en demeures pour d’autres pour loyer impayés etc…
Les plus malins se sont fait prêter de l’argent par les familiers restés au pays dans des tontines et le recevoir par virement pour avoir juste de quoi faire manger leurs familles. Ces ambassades étaient-elles coupables de ces accusations de blanchiment d’argent ? La question a été posée au Secrétariat d’Etat Américain qui n’a eu d’autre réponse qu’aux USA, les banques sont privées et peuvent faire ce qu’elles veulent, c’est-à-dire condamner des pays parce que plus faibles, sans jugement et sans laisser la moindre possibilité de se défendre. Ce n’est pas l’administration américaine qu’il faut condamner, encore moins ces banques inquisitrices, mais les africains eux-mêmes de n’avoir pas compris à quel jeu on joue et que l’ambassade d’un minuscule pays comme le Burundi, le Benin ou le Togo, n’aura jamais son mot à dire dans la moindre négociation si il est incapable de faire plier une banque qui l’envoie littéralement mendier sur le trottoir.
8- QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE ?
A l’indépendance les états africains ont cru par erreur que ce qui valide l’existence d’un état, c’est sa présence avec des ambassades et des consulats dans les pays qui s’étaient organisés à Berlin en 1884 pour spolier le continent africain. Se faisant, ils se sont lancés dans une concurrence déséquilibrée avec ces pays qui ne pouvaient que les transformer en pays subalternes receveurs de leçon au départ et d’injonction à l’arrivée venant des mêmes pays occidentaux. Peut-on dire que l’échange d’ambassadeurs entre le Niger et les Etats-Unis d’Amérique symbolise vraiment l’amitié paritaire entre les deux peuples ? bien sûr que non. D’abord le prix du mètre carré du terrain à Niamey est 100 fois inférieur au prix à Washington, ce qui fait que même si le Niger avait le même niveau de vie des USA, il ne pourrait pas construire à Washington la même ambassade imposante que Washington fait à moindre frais à Niamey en imposant dans la psychologie du peuple Nigérien le symboles de sa puissance et oblige ce dernier à se mettre à genoux avant même que d’imaginer quel genre d’amitié est-il possible entre un peuple américain qui est incapable de situer le Niger sur une carte géographique et les Nigériens qui n’ont que faire des beaux discours de circonstance qui ne changent en rien la dureté de leur vie.
Pire, tous les 50 Etats américains sont unis pour financer une seule et unique ambassade à Niamey, alors que 50 des 54 états africains payent l’exorbitant coût de 50 ambassades à Washington. Ce qui pénalise doublement et affaiblit définitivement toute image de sérénité et progrès humain qu’ils comptent envoyer au peuple américain dans ce rapport trop inégal, miné par cette division stupide. Une seule ambassade à Washington pour ces 50 états africains leur aurait donné une plus grande respectabilité et surtout tout le gaspillage restant aurait permis de construire toujours plus d’écoles, plus d’hôpitaux, plus de routes rendant la vie des population en Afrique moins un enfer. Je trouve cependant que même l’Ambassade unique ne peut être une priorité et serait complètement inutile avant que toutes les dépenses ne soient pendant au moins 10 à 20 ans après les indépendances complètement dédiées à créer un début de richesse et un semblant de vie de normalité de la population.
A défaut de rompre les relations avec les pays dans une diplomatie qui se transforme jour après jour en véritable mafia que l’Afrique a du mal à comprendre et donc à maîtriser, les pays africains doivent réussir l’exploit de repenser leur philosophie profonde de la convenance ou non d’entretenir des relations prétendument diplomatiques avec certains états et surtout, fermer toutes les représentations diplomatiques dans les différents pays africain pour les confiner à la capitale africaine qu’est Addis-Abeba. Parce que l’activité d’espionnage et de déstabilisation de certaines représentations diplomatiques jusqu’à l’armement des rebelles crées ad-hoc, doit faire comprendre aux Africains qu’il faut changer de registre : toutes les Ambassades sans exception doivent être regroupées dans un seul et même périmètre à Addis-Abeba où l’entrée et la sortie sont tenues sous contrôle par le nouveau contre espionnage continental africain à créer. Ce n’est que comme cela qu’on pourra éviter le scénario libyen ou syrien où une poignée de pays se fait appeler « Communauté Internationale » et décide en fonction de l’ennui de ses ambassadeurs qui doit rester au pouvoir et qui doit partir.
C’est à ce prix que certains pays étrangers qui se disent amis, ne manipuleront pas les 1 milliard d’africains, ni en République Démocratique du Congo, encore moins au Mali, et surtout pas avec le thème piège des droits de l’homme. L’Union Africaine doit avoir le pouvoir d’imposer des dimensions standard à toutes les Ambassades, parce que ce n’est pas sur notre territoire en Afrique qu’une puissance étrangère doit venir exposer son faste à travers une ambassade ou autre chose. Car la symbolique aussi compte beaucoup.
Dans tous les cas, la nouvelle configuration s’impose à toutes les nations du monde dans la conception même des relations internationales et de la gestion administrative ou politique de ce qui en découlera, ce qui oblige l’Afrique à parler d’une seule voix, sans laquelle elle devient très vite inaudible et fragile. Les Etats-Unis d’Afrique doivent être une priorité à l’entrée du continent dans le cercle des nations, sans cela, l’état lamentable de nos ambassades restera la vraie et seule carte de visite de notre crédibilité aux yeux du monde. Une seule représentation diplomatique dans chaque groupe de pays est une nécessité financière. L’Afrique doit disposer d’une seule et unique ambassade pour toute l’union européenne, c’est-à-dire à Bruxelles. Cette rationalisation permettra de libérer des ressources que nous utiliserons pour améliorer la vie de nos citoyens.
Jean-Paul Pougala
(ex-chasseur de Pangolin)
Genève le 09/07/012
www.iegeducation.com
www.ieg.ovh
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Mardi le 27/10/2020
Leçon de Géostratégie Africaine n° 41
POUQUOI L’AFRIQUE NE DOIT PAS ACCEPTER LES LECONS DE GOUVERNANCE D’UN OCCIDENT EN FAILLITE ? de Jean-Paul Pougala
"C'était mieux du temps des Blancs. Dans nos dispensaires il n'y a pas un flacon de mercurochrome, les blancs nous en donnaient. On était vacciné, on ne l'est plus. Les écoles fonctionnaient, il n'y en a plus. Il y avait des pistes qui étaient entretenues, il n'y en a plus. Quand on regarde ça, on a envie d'en pleurer". Cette phrase n'est pas d'un alcoolique dans un maquis du quartier Yopougon à Abidjan en Côte d'Ivoire; ce ne sont pas les propos d'un pensionnaire du Centre de Santé Mentale « Tulizo Letu » à Goma en République Démocratique du Congo, encore moins ceux d'un patient à peine admis à l’Hôpital psychiatrique de Zébé à Aného (localité située à une quarantaine de kilomètres à l’Est de Lomé) au Togo. Ce sont les déclarations sur la chaîne parlementaire française LCP de Janvier 2010 d'un intellectuel africain, Monsieur Kofi Yamgnane, Secrétaire d'état (vice-ministre) sous Mitterrand, ancien maire du village breton de St Coulits (en France), conseiller pour l'Afrique de François Hollande durant la campagne présidentielle de 2012. Sa candidature a été recalée par la cour constitutionnelle pour les élections présidentielles togolaises de 2010. Le Malheureux politicien fait partie d'une espèce très prolifique en Afrique, de politiciens ayant connu l'ère de l'occupation coloniale, qui pour la plupart, pour avoir sa part du gâteau, n'a pour seul programme politique que l'allégeance et la procession vers ce qu'ils appellent eux-mêmes "les chancelleries occidentales" transformant certaines ambassades européennes dans les pays africains en véritables sanctuaires d'où recevoir la bénédiction pour le chemin vers le pouvoir.
Et c'est pour rentrer dans la peau du "sauvage" à peine "civilisé" qui doit remercier le sauveur, que tout l'argumentaire est construit pour convaincre l'ancien bourreau qu'on est toujours son esclave et fier de le rester. Ces personnes sont pour la plupart des fils des fonctionnaires de la première heure qui ont étudié en France et en Grande Bretagne avec souvent l’argent de la corruption des parents, où bien y résident. Qu'ils soient membres des partis de l'opposition ou des ministres au pouvoir, c'est la même chose. L'action qui les occupe le plus consiste à la compilation du catalogue de tous les malheurs du monde présentés comme propres à l'Afrique avec un seul et même coupable : l'homme (leur président), et on explique à l'Ambassadeur qu'en le remplaçant on serait plus pantin que lui.
Lorsqu'ils sont à l'opposition, dans leur programme, il n'y a presque jamais l'ombre de ce qui marche et comment on pourrait l'améliorer. Et pire, Il n'y a jamais de solution à la liste des malheurs énoncés plus tôt. Et lorsqu'ils tentent d'ébaucher un semblant de solution, c'est toujours pour jouer au père Noël hors saison, sans jamais expliquer comment ils pensent trouver les ressources pour y parvenir.
Là où le bas blesse c'est qu'on retrouve aussi cette attitude de démission chez ceux qui sont au pouvoir. Les révélations de Wiki-Leaks en 2010 nous ont montré à quel point en Afrique, des Ministres, mais aussi des Présidents de la République ne savent pas pourquoi ils sont là. On a par exemple découvert une relation de subalternité démesurée entre la présidence du plus grand pays d'Afrique, le Nigéria, et l'Ambassadeur Américain, allant jusqu'au limogeage du Chef d'Etat Major de l'armée nigériane, le Général Victor Malu, dont le seul crime commis a été celui de mettre en garde les politiciens de son pays de la forte influence des Etats-Unis d'Amérique sur le système de défense du pays. Dans une note confidentielle, révélée par le journal nigérian Vanguard News, le Général expliquait tout simplement aux politiciens qui avaient à peine assumé la transition démocratique des militaires aux civils que les USA, qui faisaient pression pour former les militaires nigérians dans les missions de Peacekeeping (maintien de la paix) ne vantaient aucun succès en la matière, mettant le doigt sur les successifs échecs américains sur tous les théâtres de guerre depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, du Vietnam, à la Corée (toujours divisée en deux) à l'Iraq en passant par la Somalie et l'Afghanistan. Il concluait ainsi que l'armée nigériane victorieuse de la guerre du Biafra avait plus à enseigner aux américains et non l'inverse. Conséquence de son patriotisme : il a été tout simplement été viré, pour avoir osé mettre en doute l'efficacité de la superpuissance du maître.
C'ETAIT MIEUX AVANT ?
Dans la leçon 34, nous avons déjà abordé la question de la fausse comparaison entre les 4 dragons asiatiques et les pays africains, où nous avons établi un bilan sommaire et catastrophique de la colonisation avec l'absence de routes, d'écoles, d'hôpitaux. Aujourd'hui nous allons nous pencher sur un autre élément. Les RUP, Régions Ultra Périphériques de l'Union Européenne peuvent nous servir de comparaison. Il y en a 8 dont 5 à la France (Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion et Mayotte), 2 au Portugal (Açores et Madère) et 1 à l'Espagne (Canaries). A la période des indépendances africaines des années 60, les pays Européens ont décidé de ne pas concéder l'indépendance à ces territoires, et les ont administrés jusqu'aujourd'hui, 2012. Comme nous n'étions pas là avant pour savoir si c'était bien ou mal, nous pouvons comparer la gestion des 53 états africains à ces 8 états encore colonies de l'Europe. Nous allons utiliser pour cela le système appliqué aux entreprises pour mesurer la vertu de sa fonctionnalité. En d'autres termes, il s'agit dans une entreprise de savoir combien a été investi en une année et comment cet investissement a été rendu productif, rentable ou pour le moins équilibré par rapport aux choix de positionnement stratégique de l'entreprise.
Pour comparer ces pays, nous prendrons en examen le budget d'une année donnée. Alors qu'en Afrique, le budget de chaque année est annoncé publiquement il est presque impossible de le savoir pour les pays encore colonisés, les RUP. Mais nous nous sommes procuré une information capitale publiée dans le journal français Le Figaro du 11/02/2009 communiquant le budget des RUP français à 12,7 milliards d'Euros au titre de l'année budgétaire 2009. C'est à-dire que la France, pour maintenir des colonies au 21ème siècle doit débourser chaque année la somme de 12,7 milliards d'Euros, soit 1.115 milliards de Fcfa pour une population totale de 2,6 millions d'habitants sur un total de 119.975 km2. Nous devons donc comparer ce que la gestion coloniale française obtient avec ce chiffre en termes de résultat que nous allons ensuite comparer avec des pays africains, pour savoir si c'était mieux avant ou maintenant.
Dans le cas actuel de la richesse par nation, on divise les 12,7 milliards sur les 2,6 millions de personnes pour qui ce montant est affecté et l'on obtient un revenu par tête d'habitant de 4.884 Euros. Et dans les détails, le budget de la Réunion en 2009 était de 4,05 milliards d'Euros, pour une population d'à peine 800.000 habitants. On obtient le chiffre de 5000 € par habitant qui est un montant très élevé au niveau international. Mais que cache ce chiffre?
Il s'agit au fond d’un piège comportemental hérité du passé colonial Européen. Disposer des terres qu'on commanderait hors d'Europe donne l'illusion de commander le monde. Mais si en 1946, lorsque les états coloniaux français se sont constitués sous l'appellation de DOM (Département d'Outre Mer), le prix du pétrole avoisinait les 2 Dollars par baril, le problème de la continuité territoriale ne se posait nullement. On pouvait s'offrir le luxe d'isoler des terres qui ne communiquent pas, n'échangent rien avec les voisins, faisant tout venir, même l'eau à boire de plus de 10.000 km, 66 ans après, en 2012, le prix du Baril de pétrole a été multiplié par 48, en passant de 2 dollars à 96 dollars. Ceci a transformé ces territoires, qui auraient dû donner à l'Europe l'illusion de l'universalité de son pouvoir, en véritable cauchemar financier.
Le pire de tout ça est que ce flux d'argent ne sert nullement à créer de la richesse, mais presqu'entièrement à soutenir une économie spéculative de rente entretenue par des descendants d'esclavagistes dit "Béké", qui n'ont rien perdu des vieilles habitudes d'esclavagisation de la population d'origine africaine réduite à la misère ou à la mendicité des aides sociales. Ainsi, le prix de toute denrée alimentaire ou non est artificiellement tenu élevé afin de réserver au peu qui peut se le permettre. Exactement comme cela se passait en Afrique avant les années 60, des indépendances, lorsque c'était les mêmes esclavagistes qui contrôlaient les activités économiques de tout le continent Africain.
L'état français pris au dépourvu d'une situation qu'il avait lui même appliquée en Afrique pendant plus de 100 ans, ne sait plus aujourd'hui quoi faire, pour libérer sa propre population prise en otage par une poignée d'ex esclavagistes qui n'ont rien perdu de la ferveur d'antan. Alors il a préféré une solution de fuite en avant : payer ses propres fonctionnaires, les policiers, les magistrats, les infirmiers, les gendarmes etc. 40% plus cher qu'en France même. Ce qui a contribué plutôt a jeter de l'huile sur le feu de la crise sociale que vivent toutes ces colonies depuis des dizaines d'années, parce que si le salaire des fonctionnaires a augmenté de 40%,, l'état a oublié d'augmenter de la même proportion, les allocations familiales et les aides sociales versées au plus démunis, qui sont toujours plus nombreux.
LA SICILE, SYMBOLE D'UNE EUROPE MAL GEREE
Pour savoir si l'Afrique qui a très mal été gérée par les Européens durant la période sombre de l'occupation coloniale de 77 ans, pouvait l'être mieux par ces derniers, aujourd'hui, il suffit d'aller voir comment est gérée l'Europe elle-même, comment sont gérées les régions d'Europe. Il me plait pour cette analyse, de choisir la région de Sicile en Italie. Pourquoi ce choix ? Parce que c'est en absolu, la région européenne la plus proche d'Afrique. Par comparaison, l'ile italienne de Lampedusa est plus au sud que la ville africaine de Tunis, capitale de la Tunisie. C'est-à-dire que les migrants qui partent des côtes tunisiennes de Tunis, Sousse, Nabeul, Hammamet ou Kelibia pour rejoindre les cotes italiennes de Lampedusa, font un retour sur l'Afrique, puisque leur bateau met le cap vers le sud pour atteindre les côtes italiennes. Donc au moment où on a parlé du printemps arabe pour mentionner un pays mal géré et qui a porté aux manifestations populaires de 2010 et 2011, comment était gérée la région européenne voisine de la Sicile ?
D’après le très célèbre quotidien économique italien : Il Sole 24 Ore du 24 Mars 2012, communiquant les chiffres des syndicats italiens, en Sicile, 28,5% de personnes sont au chômage. 1 jeune sur 2 est au chômage, 1 diplômé d’université sur 3 ne fait plus de demande de travail, parce qu’il sait d’emblée qu’il n’obtiendra même pas de réponse, même négative, les entreprises n’ayant plus d’argent pour financer un service ad-hoc pour répondre le fameux « nous sommes au regret » à toute l’armée des chômeurs de l’île. Ce qui fait dire à Mr. Ivan Lo Bello, président des industriels de l’île qu’à cause de 50 ans de mauvaise gouvernance, les politiciens n’ont pas vu que les dépenses augmentaient toujours plus alors que les recettes subissaient une dégradation vertigineuse. Et que si la route n’était pas modifiée, on allait tout droit vers la mort économique et politique de l’ile.
Mais quelle est cette mauvaise gouvernance dont parle le président des industriels ?
Selon la cour des comptes italienne, l’institution de la région de Sicile coûte 516 € par habitant et par an. C’est l’un des taux les plus élevés au monde. Par comparaison avec le Togo, selon le budget officiel 2011, l’administration togolaise coute 152 € par habitant, 42€ au Mali qui avant la crise politico-militaire, était considéré comme l’un des pays les mieux gérés au monde où le coût des fonctionnaires ne représentait que 13,77% de la richesse nationale contre 60% en Sicile qui vante un triste record de 5 milliards d’Euros de dettes que la région n’arrive plus à rembourser, dues à l’incompétence des politiciens empirée par du clientélisme à outrance et la corruption de type mafieuse que ne connait fort heureusement aucun pays africain. Plusieurs exemples peuvent nous permettre de comprendre le phénomène :
1- Selon les informations publiées le 23/07/2012 par Domenico Ferrara dans Il Giornale, quotidien italien de la famille Berlusconi, ancien président du Conseil, pour un discours d’une heure de Mr. Lombardo, président de la Région Sicile, 18 sténographes se sont succédés. L'assesseur régional aux infrastructures, Andrea Vecchio auteur des propos, a même chronométré cette indécence qui relève de la psychiatrie politique et a certifié le record mondial de 3 minutes pour chaque sténographe pour recopier ce discours historique de Lombardo.
2- Salaire : restons avec nos gentilles secrétaires siciliennes en jupes courtes, très courtes. Combien gagnent-elles pour 3 minutes de travail par jour ? C’est encore Vecchio qui nous donne la réponse : à peine recrutée sans expérience, elles touchent la modique somme de 2518 € net par mois. Et après 24 mois de dur labeur et forte transpiration à recopier 3 minutes du discours du président Lombardo, elles touchent 6300 € net par mois, c’est-à-dire presque 4 millions de Francs CFA chaque mois.
3- L’addiction au Recrutement : dans la région Sicile, il faut recruter tous les matins peu importe le travail que les nouveaux recrus feront. Le journal Il Giornale dans cette même édition, nous révèle qu’il y a des Camminatori, c’est-à-dire des « Marcheurs », des employés qui passent leurs précieuses journées de travail à marcher, marcher, marcher encore d’un bureau à l’autre pour savoir s’il n’y a pas un bout de papier à donner au bureau de l’étage en dessous, pour savoir si quelqu’un n’a pas besoin d’un verre d’eau. Ils ont été tous recrutés en Avril 2012, alors que la région qui croule sous le poids de 5 milliards d’Euros de dettes, risquait déjà la faillite. Avec eux, 157 nouveaux chauffeurs ont été recrutés, parce que comme pour les secrétaires, il ne faut pas que les chauffeurs se fatiguent à conduire plus de 15 minutes. Le même jour, la région a recruté 55 nouveaux surveillants pour les 3 musées de la ville. Qui sait ? En temps de crise, peut-être que les Grecs voisins eux aussi en difficulté financière peuvent avoir l’idée de venir voler tous les tableaux religieux des musées siciliens. Ces vaillants soldats sont venus s’ajouter aux 30.000 gardiens de forêts siciliennes. Sauf qu’après avoir sillonné plusieurs fois la zone, je n’ai pas trouvé l’ombre d’une forêt. L’île, qui souffre de sècheresses chroniques chaque année, n’a pas de véritable forêt. Qu’importe, sûrement en recrutant 30.000 personnes pour garder la forêt imaginaire, cette dernière va finalement se décider à sortir de terre. A ce chiffre, il faut bien entendu ajouter les 18.000 fonctionnaires que comptent les organismes de la Région Sicile, tout ce beau monde ne comprend pas, bien entendu, les fonctionnaires qui relèvent de la compétence nationale comme la police, la gendarmerie, la poste, le fisc, la préfecture etc.
4- Les FUNERAILLES payées par le contribuable. En Sicile, il est prévu pour les politiciens, 500.000 € à donner à la veuve ou au veuf pour organiser les funérailles. Cette somme est versée même pour les familiers jusqu’à 3 degrés de parenté. Vive la démocratie.
5- Maladie nationale : quelqu’un peut penser que ce sont ces siciliens qui sont fous. Un exemple : parlant de sténographe, une secrétaire au parlement national italien, touche 290.000 € par an net d’impôt, c’est-à-dire : 24.166 € net par mois, soit 15.850.917 FCFA de salaire mensuel versé à chaque secrétaire du parlement italien, un pays qui cumule une colossale dette publique de 1.965 milliards d’Euros de dette publique et chaque semaine. Il faut trouver toujours et toujours de l’argent sur les marchés pour payer les policiers, les infirmiers etc.
LA BONNE GOUVERNANCE N’EXISTE PAS
Avant de dire si l’Afrique peut oui non recevoir les leçons de la gouvernance des pays Européens et nord-américains, nous allons d’abord définir ce qu’est une gouvernance et utiliser les critères que le maître a lui-même élaborés pour le juger, l’apprécier pour dire si lui-même est capable d’enseigner la vertu qu’il professe.
Qu’est-ce qu’une gouvernance ? Le dictionnaire nous apprend que la gouvernance est une gestion menée avec rigueur. Ce qui signifie tout simplement que ceux qui parlent de bonne gouvernance » ne savent tout simplement pas de quoi ils parlent. On devrait plutôt parler de la bonne ou mauvaise gestion de la chose publique. Si nous parlons de gouvernance, nous devons donc être certains de bien mettre la rigueur au centre de nos préoccupations. S’il y a la rigueur dans la gestion, alors on peut parler de gouvernance ou de gestion optimale ou de gestion maitrisée de la chose publique. Ceci nous amène à la question fatidique du jour : l’occident pratique-t-il la gouvernance ?
Pour répondre à cette question, il nous est facile de tout simplement poser une autre toute petite question à première vue sans importance, mais qui va se révéler capitale pour comprendre la suite de notre analyse et c’est : consommons-nous ce que nous produisons ? Les ressources que nous produisons au quotidien sont-elle suffisantes pour faire face à notre consommation quotidienne ? Rapportons cette question au niveau des mairies, des régions, des pays : la richesse produite chaque mois, chaque trimestre, chaque année est-elle suffisante pour combler la consommation de cette ville, de cette région, de ce pays ?
En septembre 1980, à mon tout premier cours d’économie en classe de seconde BG au Lycée Technique de Douala au Cameroun, pour nous expliquer ce qu’était l’économie, notre professeur nous a raconté l’histoire de Robinson Crusoé vivant tout seul sur une île déserte avec ce qu’il trouve sous la main et de conclure que, dans ces conditions, sur cette île, il n’existe pas d’économie. L’économie existe parce que nos besoins du fait de l’interaction avec la société sont énormes et les ressources pour les satisfaire sont malheureusement réduites, insuffisantes. Elle permet de classer les besoins par ordre de priorité afin d’utiliser de façon optimale ces ressources insuffisantes. Le lendemain c’était au tour de notre professeur de mathématiques financières de nous expliquer l’utilité de sa discipline. Selon lui, les mathématiques financières permettaient de traduire en argent ce que nous allions apprendre en cours d’économie. C’était l’instrument mathématique qui permettait de contrôler avec rigueur le niveau d’utilisation des ressources disponibles et le coût de celles non disponibles afin de garantir dans le temps le bien-être et l’autonomie d’un foyer, d’une entreprise, d’une mairie, d’un pays.
Lorsqu’on consulte le World Factbook de la CIA d’année en année, on peut conclure que ces deux banalités économiques et financières qui ne sont pas enseignées à l’université, mais dès le lycée en Afrique, sont de loin mieux maitrisées par les pays africains dans la gestion des affaires publiques comme par exemple les mairies qui n’ont pas de bilan au rouge, au contraire des pays occidentaux qui croulent sous les dettes. Si la gouvernance d’un politicien se mesure par sa capacité à optimiser le peu de ressources à sa disposition pour offrir le meilleur service à sa population, on peut dire sans risque de se tromper que les politiciens occidentaux sont une véritable catastrophe dans l’art de manier les finances. Ce n’est pas moi qui le dis, mais c’est la conclusion du rapport de l’agence de notation américaine Fitch qui, comme les autres agences Moodys et Standard and Poor’s, a dégradé les notes de 75% des mairies et régions des pays de l’Union européenne, malgré les protestations des intéressés qui crient au complot américain contre l’Europe. Dans ce rapport, publié le 6 septembre 2011, Fitch affirme qu’il faudra à la région Picardie par exemple près de 11 ans pour rembourser sa montagne de dette.
Examinons sans trop de technicité les finances des régions françaises, c’est-à dire un pays qui continue de bénéficier du triple A, la note maximale dans 2 de ces 3 agences de notation américaines. Sur le tableau présenté par la revue française Capital dans son édition du 25/02/2010, analysant la situation des régions françaises avant la crise de 2001 à 2008, il ressort ceci : en dehors de l’Aquitaine et de la Haute Normandie, toutes les 20 régions françaises ont vu leurs dettes augmenter de façon exponentielle sans qu’on comprenne bien comment elles feront pour les rembourser, puisqu’elles sont installées dans cette logique d’emprunter toujours plus chaque jour sur les marchés. Par exemple dans cette période de 7 ans la dette de l’Alsace de 327%, Champagne de 286%, Corse de 234%, Limousin de 311% Loraine de 338%, la Basse Normandie de 345%, le Poitou Charentes de 335% etc… Le journal va plus loin en tirant à boulet rouge sur la médiocrité diffuse des politiciens français qui se cachent derrière le prétexte de la réduction des recettes publiques dues à de nombreuses délocalisations des entreprises vers la Chine ou ailleurs. Cette explication ne peut rien justifier puisque conscient de la réduction des ressources, les dettes de 5 régions françaises ont été quadruplées durant la période prise en examen comme en Corse où la dette régionale arrive à 1105 € par habitant. Ceci ne tient évidemment pas compte de la dette communale, encore moins de la dette nationale qui place la France parmi les nations les plus endettées au monde, nations qui vivent donc très loin au-dessus de leurs moyens.
Ce n’est pas mieux pour les dettes des villes européennes. Par comparaison, la dette individuelle, c’est-à-dire de chacune des 60 plus grandes villes françaises dépasse le budget de plusieurs pays africains réunis. C’est encore la revue CAPITAL dans son édition du 19/11/2011 qui nous révèle les techniques qu’utilisent les villes françaises pour dissimuler leurs véritables situations catastrophiques d’endettement, en faisant oublier le poids de l’intercommunalité : par exemple, on présente les chiffres de la mairie de Paris apparemment en ordre et oubliant que ceux des autres mairies de l’Ile de France qui sont toutes financièrement dépendantes de Paris. C’est en observant cette globalité que le journal conclut que Delanoé, le maire de Paris, qu’on présente comme un bon gestionnaire a fait exploser la dette de sa ville de 153% en 10 ans. Et Capital de communiquer d’après ses calculs, les dettes réelles des 60 plus grandes villes françaises qui toutes, sans exception, mordent la terre, parce qu’elles ne savent plus quoi faire ni comment inventer pour ne plus emprunter, même avant de répondre à la question de comment rembourser leurs dettes colossales. On peut ainsi découvrir un palmarès des plus inquiétants de dettes par habitants des mairies de France, ainsi : Le Mans, 2817 € par habitant, Perpignan 2657 € par habitant, Orléans 2791 € par habitant, Grenoble, 3355 € par habitant, Saint-Etienne, 3070 €/habitant , Lille 2730 €/habitant, Marseille 3535 €/habitant, Lyon 2716€/habitant, etc.
La dette des villes, des régions, des pays lorsqu’elle n’est pas maitrisée est par définition une véritable bombe à retardement qui attend son heure pour exploser. Etait-ce mieux avant ? En tout cas, la gestion présente de nos occupants d’hier ne nous rassure pas sur ce que serait devenue l’Afrique avec eux à la manette. Le taux record de chômage dans les colonies françaises de Martinique, Guyane, Réunion, Guadeloupe et le niveau exorbitant des prix à la consommation ne rassurent pas sur ce que seraient devenus les africains dans leur majorité.
Ce qui est encore plus ridicule est que l’Africain qui a fait cette déclaration pour le moins dénuée de tout fondement est celui-là même qui se vante d’avoir été le conseiller pour l’Afrique durant la campagne électorale pour la présidentielle 2012 de celui qui deviendra président, François Hollande. Et après le plat de résistance de la bêtise humaine, Monsieur Kofi Yamgnane nous sert même le dessert en nous expliquant les 5 mesures phares qu’il a exposées au président français comme ligne guide de sa politique africaine, un ensemble de caricatures de certaines idées reçues véhiculées depuis plusieurs années par certains intellectuels africains ont hissé le drapeau blanc de la soumission.
Le poids des dettes des villes et des régions françaises vient aussi des placements hasardeux et des emprunts dits toxiques, ce qui est une preuve que la plupart de ces maires que le système dit démocratique du suffrage universel a porté au pouvoir ne maitrise pas la moindre notion des cours élémentaires d’économie, encore moins de mathématiques financières. Et comme le peuple vote par définition, celui qui promet le plus et peut faire plus de bruit, et non le plus compétent, on a le phénomène de la mafia qui fait désormais partie du paysage politique européen, pas seulement en Sicile, mais un peu partout en Europe.
QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE
S’il est prouvé que ce n’était pas mieux avant, il est aussi clair que l’Afrique n’est pas immunisée des maux qui minent aujourd’hui le paysage politique et économique des pays occidentaux dans leur ensemble. L’Afrique dans sa marche vers le progrès, est en train de devenir le nouvel El Dorado. La nouvelle génération de politiciens africains qui est en train d’arriver au pouvoir saura-t-elle exploiter l’avantage de l’expérience de la privation à outrance à laquelle le système dominant avait contraint ses prédécesseurs ? L’Afrique ne doit pas répéter les erreurs des pays occidentaux qui ont fait croire à la population qu’ils possédaient ce qu’ils n’avaient pas et le modèle du suffrage universel aidant, chacun a prétendu une part d’un gâteau qui n’existait en réalité que dans la propagande pour s’attribuer les meilleurs superlatifs de vertu au monde. On a commencé ainsi à vivre non pas de ce qu’on possédait, mais de ce qu’on croyait posséder de l’individu pour sa voiture à l’Etat pour financer ses guerres. L’Afrique doit se dire qu’à quelque chose, malheur est bon et faire de la sobriété dans la consommation, une valeur. L’exemple de l’Algérie est à mes yeux très louable d’un pays africain capable de résister aux sirènes occidentales sur comment utiliser son pactole résultant de la vente de son pétrole et de son gaz, pour privilégier le futur et ses générations. Le sous-sol africain doit dans sa majorité rester inexploré, car nous avons pris l’habitude de la privation et même si à l’indépendance on n’était propriétaire de rien, nous avons appris à nous retrousser les manches, à bosser dur même quand le résultat n’était pas perceptible. On a commis beaucoup d’erreurs comme le fait de cultiver le café et le cacao au lieu de cultiver les cerises, les truffes, les vignes etc. de loin plus rentables. Mais nous avons appris de nos erreurs et il suffit de les corriger. Nos écoles, nos universités doivent pouvoir former suffisamment de personnes pour comprendre et maitriser le monde aujourd’hui.
L’occident s’est érigé en généreux donneur de leçons. Mais leurs conseils sont comparables à ceux des prêtres catholiques célibataires qui expliquent en experts à des couples comment réussir un mariage. Comment l’occident peut-il prodiguer à l’Afrique des conseils qu’il n’a pas su appliquer à lui-même ? Comment peut-on prendre un entraîneur européen pour offrir la coupe du monde de football à un pays africain s’il n’a même pas réussi à le faire pour son propre pays européen ? Comment peut-on recruter un Directeur d’une grande entreprise publique un gestionnaire européen qui vient d’être remercié par son entreprise en Europe pour sa mauvaise gestion ?
L’Afrique ne dispose pas des meilleures ressources humaines du monde, mais la rigueur que la misère nous a contraint à subir doit devenir un atout que nous pouvons enseigner au monde. Cela ne sert à rien de brûler les étapes pour posséder un tram comme à Paris ou à Londres, un système social qu’on nous vante avoir fait des miracles à Oslo ou à Melbourne, si nous ne maîtrisons pas chaque étape de notre progrès, chaque centimètre de notre liberté. Sans cela nos atouts d’aujourd’hui risquent de devenir notre principal inconvénient de demain.
Jean-Paul Pougala
Douala le 10/08/2012
www.iegeducation.com
www.ieg.ovh
info@geostra.com
Leçons Américaines de Fraudes électorales pour Aspirantes Démocraties Africaines
de Jean-Paul Pougala
La lecture de cet article n'est pas gratuite...
Vous pourrez lire cette leçon Prochainement sur le site www.pougala.net, lorsqu'il sera devenu payant.
Abonnement : 8,50 €/mois
N.B : pour l'instant, les seuls modes de payement possible sont : Mastercard, Visa et Paypal.
JPP04/11/2020
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Mercredi le 4 Novembre 2020
Eléctions Américaines :
Donald Trump vient d'annoncer qu'il a gagné les élections, mais les démocrates qui comptent encore depuis hier, dans certains Etats Clé, veulent voler et n'annoncent pas le résultat.
Donc, il s'est déjà adressé à la Justice pour leur demander d'arrêter de compter ce qu'on sait déjà.
Just wait and see.
N.B : A la cour Suprême, il a 9 juges qui vont trancher : 6 Républicains et 3 Démocrates. Il y a à peine 10 jours que la dernière juge Républicaine a prêté serment, nouvellement nommé par Trump.
Les observateurs internationaux avaient oublié d'aller veiller sur le bon procès du vote américain.
J'attends de voir si l'Union Européenne fera l'embargo contre les médicaments vers les Etats-Unis comme ils l'ont fait en 2010 contre le président sortant Laurent Gbagbo.
J'espère que la France ne fera pas intervenir son armée pour déloger Trump de la Maison Blanche et installer au pouvoir Joe Biden, comme elle l'avait fait pour Ouattara en 2010.
Et ceux qui ont prédit que j'allais disparaître ce 4 novembre 2020 à cause de la honte pour avoir prédit ce scénario, je leur rappelle que je suis bien là ce matin, comme je leur avais dit.
Leçon : l'Afrique n'a aucune leçon de démocratie à recevoir de qui que ce soit. La démocratie n'existe dans aucun pays de ce monde. Le système prédateur a ses acteurs invisibles qui tirent les ficelles. Il ne pardonne pas à Trump d'être anti-système et de mettre à nu tous leurs braccages contre leur propre peuple.
Jean-Paul Pougala
Mercredi le 4 Novembre 2020
P.S : en bas de l'article, il y a la video de l'annonce à cette adresse :
https://www.cnbc.com/video/2020/11/04/trump-attempts-to-claim-election-victory-even-as-several-states-still-count-ballots.html?fbclid=IwAR2wr8W1fdwL9MVSToR-HMbonpfaSwz28Iceo8AlJPEON9PrtiIvkbfhK58
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Dimanche le 1er Novembre 2020
« Voici pourquoi Donald Trump sera ré-élu à la présidence des Etats-Unis, malgré le fait que tous les sondages le donnent perdant ».
de Jean-Paul Pougala
dans : « Comprendre les élections présidentielles américaines »
Dans 48 heures, les américains seront appelés à voter pour confirmer Donald Trump ou choisir Joe Biden.
J’ai décidé en retard d’écrire cette leçon, parce que j’espérais que les très nombreux super-diplômés africains qui enseignent Science Politique dans les Universités américaines, écriraient une note pour expliquer à leurs jeunes frères et sœurs en Afrique, le système électoral des Etats-Unis d’Amérique, pour leur permettre au soir du 3 novembre 2020 ou au matin du 4 novembre de mieux comprendre ce qui se passe de l’autre côté de l’atlantique et surtout pour permettre aux Administrateurs africains d’avoir des clés de lecture pour comprendre et savoir se positionner par rapport à leurs interlocuteurs américains.
Installez-vous bien confortablement dans votre fauteuil. Je vais vous conduire avec moi dans un cours comme ce qu’on donne dans les meilleures écoles de Sciences Politiques aux enfants des gens les plus fortunés.
A ces enfants, on n’enseigne pas le match entre deux boxeurs, mais à travers la pensée critique, on leur enseigne les dessous des élections. On leur enseigne ce que le public ne voit pas et qui au final est le plus intéressant dans une compétition électorale.
Commençons par le titre : « Voici pourquoi Donald Trump sera ré-élu ».
Question : Est-ce que dans 2 jours, il sera réellement ré-élu ?
Réponse : je n’en sais rien. Ce que je sais en revanche est que tout ce que racontent les journaux n’est que de l’enfumage qui n’a aucun lien, aucune relation avec le résultat des élections. Mais pourquoi le font-ils ? C’est parce qu’ils sont tous des hypocrites au sens original du mot.
Aujourd’hui, le dictionnaire nous définit l’hypocrite comme quelqu’un qui n’est pas sincère. Le mot vient tout droit du grec antique Hupocritès qui désigne, un acteur, celui qui mime un rôle, un homme de mise en scène théâtrale.
Car à bien y regarder, le système politique américain symbolise la démocratie avancée, qui n’est rien d’autre qu’une mise en scène théâtrale où les politiciens sont ces acteurs qui miment un rôle, ce sont des hommes et femmes chargés de jouer la pièce selon leur rôle défini par le metteur en scène. Et comme dans chaque théâtre, la démocratie a tous les métiers de la scène théâtrale : le metteur en scène, les comédiens, les figurants, le souffleur, le décorateur, le scénographe, l'accessoiriste, le créateur lumières.
Dans notre cas, 4 métiers nous intéressent principalement, celui du metteur en scène, les comédiens, les figurants et les souffleurs.
Le metteur en scène est celui qui dirige la pièces. En contact permanent avec celui qui a écrit la pièce et celui qui finance sa mise en scène, c’est lui qui choisit les acteurs, afin que la pièce commence et se termine sans surprise, sans imprévu.
Les comédiens, acteurs principaux de la pièce de théâtre, jouent la pièce selon leur rôle attribué par le metteur en scène. Ils ne doivent pas improviser, encore moins prendre des initiatives qui ne soient déjà décrites dans la pièce à la quelle ils doivent scrupuleusement se conformer.
Les figurants eux, exactement comme les acteurs, sont sur scène, jouent un rôle, font quelque chose, vont et viennent, mais ne parlent pas.
Le souffleur, en général placé dans un trou sous la scène au théâtre, est celui qui aide les acteurs, tous les acteurs, en leur soufflant les paroles, lorsqu'ils ont des trous de mémoire.
Dans ce décor théâtrale planté des élections du 3 novembre 2020, nous avons les industriels et les tenants de la haute finance dans le rôle du metteur en scène, Donald Trump dans le rôle du comédien, Joe Biden dans le rôle du figurant, les journalistes et tous les médias dans le rôle des souffleurs.
Revenons au sujet du jour : Pourquoi Trump va-t’il remporter les élections ?
Il serait plus prudent de se demander s’il va être ré-élu, à partir du moment où tous les sondages le donne pour perdant sur son rival Biden. Mais je vais vous expliquer pourquoi une telle affirmation n’est pas du charlatanisme. Et peut-être que je serai démenti dans 2 ou 3 jours.
Mais ce qui est important dans cette leçon, c’est de vous faire comprendre ce que le peuple supposé être souverain et qui désigne les dirigeants dans un système dit démocratique ne compte pas du tout.
VOICI LES RAISONS POUR LESQUELLES TRUMP A MOINS DE CHANCE DE PERDRE
Pensée Globale :
Sur une durée de 100 ans, c’est-à-dire, durant les 100 dernières années, mieux dépuis 1912, combien de présidents américains n’ont-ils pas été re-élus pour un deuxième mandat ? La réponse sans équivoque est 3.
Sous cet angle purement statistique, la probabilité que Trump ne soit pas re-élu est très faible.
Qui sont les 3 présidents non re-élus ?
Il s’agit du républicain Gerald Ford en 1976, le démocrate Jimmy Carter en 1980 et le républicain George H.W. Bush en 1992. Par contre, le démocrate Lyndon Johnson avait renoncé à se représenter en 1968.
Pourquoi ces 3 présidents n’ont-ils pas été ré-élus et ont-ils les raisons communes à Donald Trump pour risquer sa ré-élection ?
A - RAISONS EXTERNES AUX PARTIS POLITIQUES :
L’économie est la première raison pour laquelle un président n’est pas re-élu.
Lyndon Johnson en 1968 ne s’est même pas représenté pour demander un deuxième mandat à cause de l’impopularité de la guerre au Vietnam où l’armée américaine, l'US Air Force va utiliser les bombes au Napalm pour brûler les forêts du pays, les habitations en bois et la quasi-totalité des récoltes, ce qui va affamer les populations et faire plus de dégâts que les bombes. Robert Strange McNamara, né le 9 juin 1916 et mort le 6 juillet 2009 est alors le secrétaire à la Défense des Etats-Unis, de 1961 à 1968 sous les présidences Kennedy et Johnson avant de devenir président de la Banque Mondiale de 1968 à 1981.
Il donne le bilan de la guerre du Vietnam en affirmant que les Américains ont eu 58 000 soldats morts, alors que la destruction des récoltes et de la forêt a fait un total de 3,8 millions de civils et militaires vietnamiens tués durant la guerre, soit près de 8 % de leur population du pays.
Ce sont des chiffres catastrophiques de la guerre, couplés à une économie américaine désastreuse, tous les efforts étant dédiés à la guerre, qui vont coûter au président Johnson, même de devenir candidat à sa propre re-élection.
1) GERALD FORD EN 1976 NE SERA PAS RE-ELU A LA PRESIDENCE DES ETATS-UNIS
L’histoire commence plus tôt :
Richard Milhous Nixon, né le 9 janvier 1913 et mort le 22 avril 1994, a été le 36e vice-président des États-Unis du 20 janvier 1953 au 20 janvier 1961 puis le 37e président des États-Unis, du 20 janvier 1969 au jour de sa démission le 9 août 1974.
Après la catastrophe de la politique de son prédécesseur Johnson au Vietnam, dès son arrivée,
il négocie la fin du conflit et met fin à la guerre en 1973. Il abandonne la politique du bras de fer des démocrates et tend la main à la Chine où il se rendra en 1972, la première d’un chef d’Etat américain et à l’URSS. Il ouvre les relations diplomatiques avec ces deux pays. Dans le pays, il finance la lutte contre le cancer et les drogues, il fait voter pour le contrôle sur les prix et les salaires. Il fait appliquer la déségrégation raciale dans les écoles du Sud des Etats-Unis.
En 1972, il bat le record de popularité d’un président américain et est réélu en remportant 49 des 50 États américains. C’est la plus large majorité jamais obtenue par un président aux États-Unis.
Mais cette large victoire aura une saveur de bonheur de très courte durée. Sur le plan économique, il subit les effets du premier choc pétrolier lorsque le prix passe de 5 dolalrs le baril à 43 dollars le baril. Les conséquences économiques sont dévastatrices qui se terminent pas la démission du vice-président Spiro Agnew. Celui-ci est remplacé par un certain Gerard Ford. Ensuite éclate le scandale du Watergate. Le président est poussé à la démission en milieu du mandat le 9 août 1974. Comme le veut la constitution, c’est le Vice, Gerald Ford qui prend la place du président jusqu’à la fin du mandat en 1976.
Gerald Rudolph Ford, Jr., né sous le nom de Leslie Lynch King, Jr. le 14 juillet 1913 et mort le 26 décembre 2006 a été président des États-Unis du 9 août 1974 au 20 janvier 1977.
Lorsqu’il prend la place de Nixon à la présidence des USA le 9 Août 1974, la première action officielle du président Ford, fut de gracier Richard Nixon le 8 septembre 1974 dans le scandale du Watergate, à travers la Proclamation n° 4311.
Et ce n’était pas ce geste le pire que le président Ford allait commettre. A la question : que faire des enregistrements des adversaires politiques qui avaient été à l’origine du scandale, Ford décide ni plus ni moins que de confier leurs contrôles à son avocat de confiance, un certain Nixon, avocat inscrit au barreau de l'État de New York. Et qui était ce Nixon ? Le même ex-président qu’il venait de gracier dans ce même dossier. Comme une insulte à l’intelligence des américains, seul Nixon, était habilité à donner les autorisations pour écouter ces enregistrements des adversaires politiques.
Ce geste très maladroit fait arrêter les poursuites contre son mentor qui l’avait nommé Vice-Président. Les électeurs américains ont vu dans ce geste un retour d’ascenseur à l’envoyeur Nixon.
La conséquence dans les urnes était immédiate. Durant les élections du Mid-term,
Aux élections de mi-mandat de 1974, le Parti démocrate renforça sa présence à la Chambre des représentants et au Sénat en arrachant quarante-sept sièges aux Républicains dans les deux chambres pour atteindre la majorité qualifiée des 2/3 qui permet de se passer du veto présidentiel. Ford mettra son veto aux décisions du Congrès trente-neuf fois pendant les quatorze mois de sa présidence devenant ainsi le président républicain ayant le plus utilisé son droit de veto. Au Sénat, les démocrates ont obtenu la majorité de 60 sièges sur 100. Cela annonçait la défaite du président Ford au élections présidentielles à venir.
2) Jimmy Carter en 1980 et George H.W. Bush en 1992 ont tous 2 raté leur ré-élection à cause du ralentissement de l’économie américaine.
Pour ce premier risque externe, on peut constater que Donald Trump s’est mis au travail dès qu’il est arrivé aux affaires pour faire repartir l’économie américaine. Sans le Covid-19, il aurait réussi son pari. Et les électeurs qui sont sensibles à la santé économique du pays en majorité, ne croient pas que son adversaire Joe Biden aurait fait mieux.
B- RAISONS INTERNES AUX PARTIS POLITIQUES
Tous les 3 présidents non ré-élus durant le dernier siècles avaient en commun une deuxième raison, cette fois-ci interne aux partis politiques. Il s’agit notamment de la présence d’une concurrence interne qui conteste l’autorité du président.
Ainsi,
1)Gerald Ford en 1976, voit son investiture contestée lors des primaires du parti Républicain par un certain Ronald Reagan qui avait déjà tenté à se faire élire candidat du Parti républicain pour l’élection présidentielle de 1968 contre Richard Nixon, qui n’en a pas souffert, puisqu’il n’était pas Président Sortant. Mais la seconde fois, en 1976, contre Gerald Ford, il va s’opposer. Et dans le cynisme politique, lorsqu’un prétendant conteste un président sortant dans les primaires du parti, il est évident qu’il va rechigner à s’allier derrière lui, pour éviter qu’il soit élu afin de laisser la chance à ce prétendant dans les 4 années à venir. Et c’est ce qui va se passer. Reagan ne se rallie pas à Ford qui perd les élections. En 1980, il a la route libre puisqu’il doit s’opposer à un Démocrate lors des élections présidentielles de 1980. pour éviter de se retrouver 4 ans après devant une fronde interne, il choisit comme vice- président son principal adversaire lors des primaires de 1980, un certain George Bush, qui comme retour de l’ascenseur, se rallie à l’équipe Reagan. Après les 8 ans de Reagan, il deviendra naturellement le candidat du parti républicain en 1988 et sera à son tour élu président des Etats-Unis.
2)Jimmy Carter en 1980 verra sa candidature contestée durant les primaires, par un certain Ted Kennedy, le frère du président Kennedy assassiné, qui mène un combat sans merci contre son camarade de parti démocrate et président sortant, Jimmy Carter. A la fin, Jimmy Carter remporte la partie, mais dans son discours de défaite à la Convention démocrate, Ted refuse d’apporter son soutient à la candidature du président sortant Carter.
3)George H.W. Bush en 1992 doit affronter une fronde interne au parti républicain contre sa ré-élection venant d’un certain Pat Buchanan qui tente le tout pour le tout pour lui arracher l'investiture républicaine. Bush va réussir à prendre le dessus, mais non seulement Buchanan, dans son discours de défaite n’apporte pas son soutien au président sortant, mais Bush se retrouve avec un imprévu, un candidat indépendant qui débouche sur sa droite, un certain milliardaire dénommé Ross Perot qui le soir des élections présidentielles qui sont à un seul tour avait raflé à Bush la bagatelle de 20% de l’électorat de droite, rendant sa défaite assurée et une ré-élection impossible.
Pour ce deuxième risque, Donald Trump à faire taire toute fronde interne au parti Républicain, alors qu’on sait que ce parti a été surpris par ce candidat atypique entré par effraction dans la maison pour leur ravir la vedette. Et 4 ans après à la Maison Blanche, le taux de popularité de Donald Trump chez les militants du parti Républicain est de 90%, taux suffisamment élevé pour décourager toute fronde interne.
Mais il y a quand même eu une tentative de fronde.
Le 15/02/2019, un ancien gouverneur républicain du Massachusetts, Bill Weld, a annoncé sa candidature pour défier Donald Trump pour l’investiture de leur parti à la présidentielle de 2020 avec des mots très durs contre le président américain.
Vendredi le 15 février 2019, lors d’une visite dans l’Etat du New Hampshire, étape quasi-obligée pour tout prétendant à la Maison Blanche, Bill Weld a déclaré :
“J’encourage ceux d’entre vous qui observent avec inquiétude l’administration actuelle, de Donald Trump, mais ne disent rien à s‘élever et la dénoncer quand des lignes sont franchies dangereusement” (…) “Il agit comme une brute de cour d‘école, sauf bien entendu quand il est entouré d’autres brutes comme M. Poutine, alors il devient mielleux, tout sourire”.
En janvier, le parti a adopté une déclaration symbolique signalant son “soutien sans réserve au président Donald J. Trump”, un dirigeant “pragmatique” et “courageux”.
Il devient ainsi le 3ème candidat à défier Trump à l’investiture du parti républicain pour les élections du 3 novembre 2020. Gallup donne alors Donald Trump à 89% de popularité chez les militants et sympathisants du parti Republicain. Ce qui pousse les deux premiers candidats à se retirer avant le jour des votes pour l’investiture.
Le 17 mars 2020, le jour des premières primaires, le seul candidat concurrent contre Trump encore en liste, Bill Weld ne remporte aucun scrutin. Il est obligé de se retirer de la course. Par faute de concurrence, la plupart des États renoncent à organiser les primaires républicaines. La Floride et l'Illinois maintiennent les scrutins mardi le 17/03/2020 en pleine épidémie du Coronavirus, Covid-19. Donald Trump remporte la primaire de Floride et obtient dans ce seul Etat, suffisamment de délégués pour fermer le chapitre de l'investiture républicaine aux élections présidentielles du 3 novembre 2020.
A la fin du scrutin de la Floride, un Tweet de la présidente du parti, Ronna McDaniel, dit ceci :
«Félicitations à Donald Trump, qui est le candidat désigné des républicains pour la présidentielle» (…) «Son État de Floride vient juste de lui donner les délégués dont il avait besoin. Notre parti est uni, nos militants sont pleins d'énergie et nous sommes près pour QUATRE ANS DE PLUS».
Donald Trump a effacé le risque qu’un autre républicain lui fasse ombre.
POURQUOI LES SONDAGES QUI DONNENT TRUMP PERDANT SONT MENSONGER ?
Le système électoral américain n’est pas majoritaire sec où la majorité suffirait pour remporter les élections.
Aux Etats-Unis, l’élection du Président étant à suffrage indirect, ce qui compte, c’est de remporter le collège électoral, même si on perd les voix directes.
Le système électoral américain a été tripatouillé par le Parti Républicain, qui a, comme dans toutes les Démocraties, fabriqué une loi électorale sur mesure pour s’éterniser au pouvoir, au grand dam de l’opposition africaine qui demande l’aide des ambassades américaines pour que les présidents en exercice modifient les lois électorales pour leur faire prendre le pouvoir à leur tour.
La conséquence est que même si Donald Trump ne fait pas de campagne, les risques qu’il perde les élections sont presque nuls, car le système électoral actuel est très favorable aux Républicains, parce qu’on sait que les Etats les plus petits, comme les campagnes sont plus conservateurs et donc, plus favorables à la Droite et dans ce cas, au Parti Républicain.
Prenons l’exemple des 15 Etats américains les plus petits. Sur les 270 voix qu’il faut pour élire le président des Usa, ils représentent 56 voix dans le collège électoral, et leur population totale est d'environ 16 millions d'habitants. Mais à l’inverse, un Etat grand, plus favorable aux Démocrates, comme L'Etat de Californie compte a 55 voix, c’est-à-dire, une voix de moins que ces 15 petits Etats. Le problème est que la population de la Californie est de 33 millions d’habitants, c’est-à-dire, plus du double de nos 15 petits états républicains, exactement comme les autres 35 petits Etats qui sont aux deux tiers républicains.
Voilà expliqué le Coup d’Etat permanent qui fait que la quasi-totalité des président américains sont Républicains. Les président démocrates sont une exception avec un tel découpage électoral.
Avec le système dit du « winner-take-all », celui qui dans un Etat a une seul voix en plus remporte toutes les voix de cet Etat. Cela rend le nombre brut de grands électeurs plus important que le nombre de voix par têtes.
Conséquence : Lors des élections de 2016 opposant Donald Trump à Illary Clinton, cette dernière ayant gagné les grands Etats comme la Californie et New York a eu au final plus de 2 millions de voix plus que Donald Trump. Mais l’histoire retiendra que le 45ème président des Etats-Unis s’appelait un certain Donald Trump. Il s’agit de la dictature de la minorité.
Au final, le 8 novembre 2016, Donald Trump remporte 290 grands électeurs contre 232 pour Hillary Clinton. Il en fallait 270, soit la majorité des 538 grands électeurs, pour accéder au Bureau ovale. Mais en comptant les voix dans leur ensemble, on se rend compte que Hillary Clinton a recueilli 64.227.373 voix contre 62.212.752 pour Donald Trump qui sera sacré président. C’est un écart inédit depuis 1876.
En l’an 2000, le vice-président Al Gore avec 48% des votes, perd face à George W. Bush qui n’a que 47% des voix, c’est-à-dire, malgré qu’il le devance avec près de 544.000 voix. Et l’histoire retiendra que c’est le Républicain Bush qui totalisant 271 Grands électeurs, contre 266 pour Al Gore deviendra le Président des Etats-Unis
Tous les sondages qu’on nous donnent sont ceux des voix directes et non de collège électoral. Donc, ils ne mesurent rien du tout d’utile à la compréhension de l’humeur des votants.
UN PRESIDENT SORTANT NE DOIT PAS PERDRE LES ELECTIONS POUR SA RE-ELECTION
Aux Etats-Unis, c’est très exceptionnel pour un président sortant de perdre aux élections présidentielles, aussi parce que des 2 candidats en liste, il est le seul qui a une expérience de campagne électorale précédente victorieuse. Il a déjà parcouru le pays pour parler aux populations et il a gagné. Il ne lui reste plus que corriger les points de faiblesses de sa précédente campagne électorale, alors que le concurrent qu’il a en face est à sa première expérience, donc, même s’il a fait 60 ans de vie politique, il est un amateur pour le vote présidentiel.
Mieux, pendant la campagne électorale, le Président sortant a 10 fois plus de visibilité que le rival, puisqu’il continue à travailler comme Président. Sur le plan de la symbolique, il est vu surtout par les électeurs modérés qui sont la majorité, comme un rassembleur, un père de famille qui peut continuer de faire de l’altruisme et s’occuper du pays, tout en battant sa campagne électorale.
C’est pour mettre fin à cette distorsion et concurrence déloyale du président sortant face à tout concurrent qu’un peu partout dans le monde, le mandat du président de la République est limité.
APRES DONALD TRUMP, LE GAGNANT DES 2 PROCHAINES ELECTIONS PRESIDENTIELLES AMERICAINES DE 2024 ET 2028 SERA PROBALEMENT UN AUTRE REPUBLICAIN
Aux Etats-Unis, chaque Etat compte autant de grands électeurs que d’élus aux deux Chambres fédérales américaines : au Sénat, c’est deux pour tout le monde, c’est pour cela qu’on a 100 sénateurs pour les 50 Etats. A la Chambre des représentants, c’est complètement différent. La répartition est en fonction de la population. La Californie, Etat le plus peuplé du pays, compte ainsi deux sénateurs comme le plus petit Etat Wyoming qui compte, lui aussi, deux sénateurs.
Par contre, à la Chambre des représentants, la Californie compte 53 députés, alors que le Wyoming n’a qu’un seul représentant à la Chambre.
Au total, cela fait 100 sénateurs et 435 représentants, cela fait un total de 535 membres du Congrès (le Congrès état la somme entre le Sénat et la chambre des représentants). Et c’est le même chiffre qu’on va retrouver pour les grands électeurs qui vont élire le Président des Etats Unis. A ce chiffre, il manque 3 électeurs pour arriver au chiffre de 538. Ces 3 grands électeurs seront ceux du district de Columbia où se trouve la capitale Washington qui n’a pas d’élus à la Chambre et au Sénat. La moitié de 538, fait 269. Voilà pourquoi pour devenir président des Etats Unis, il suffit d’avoir la moitié des Grands Electeurs de 269 + 1, c’est-à-dire 270.
Cette règle est en vigueur depuis 1964. Et l’attribution des Grands Electeurs est recalculée tous les 10 ans pour l’adapter à l’évolution numérique de la population selon les Etats.
Mais ce qu’on constate, c’est qu’à chaque fois, comme lors du dernier recensement de 2020 pour les élections des prochains 10 ans : 2024 et 2028, la redistribution des Grands électeurs est profitable aux Etats qui votent en majorité Républicain.
Le centre de recherche « Election Data Services » a publié ses prévisions du « decennial census 2020 » pour le redécoupage à partir des données 2019 du Bureau du recensement américain, rendues publiques en décembre 2019. On y constate que le nouveau recensement permet aux Etats qui votent automatiquement le Parti Républicain d’avoir beaucoup plus de Grands électeurs pour les élections présidentielles 2024 et 2028.
De ce nouveau redécoupage électoral, valable pour les 10 prochaines années, on y constate que sept Etats vont gagner des sièges à la Chambre des représentants, et par conséquent, les grands électeurs, alors que dix autres Etats vont en perdre. Ce qui est intéressant est de constater que ces sept gagnants sont pour la plupart des Etats qui votent républicain de façon automatique depuis au moins 20 ans. Il s’agit notamment du Texas qui gagne 3 grands électeurs, le Montana en gagne 1 et l’Arizona 1 aussi. Il n’y a qu’un seul Etat de ceux qui vont gagner de nouveaux Grands Electeurs, un seul vote Démocrate depuis 20 ans ; il s’agit de l’Oregon qui gagne un Grand Electeur.
Et comme nous sommes dans un « jeu à somme zéro », tout ce que certains gagnent doit être perdu par d’autres. On constate que la Californie qui est acquise aux démocrates perd 6 Grands Electeurs. Selon Election Data Services sur les 10 Etats qui vont perdre le nombre de Grands Electeurs, 8 sont ceux qui votent Démocrate notamment, la Californie, l’Illinois, l’Etat de New York, le Michigan, le Minnesota, et le Rhode Island. Il y a aussi la Pennsylvanie, qui a voté Trump en 2016, mais qui vote habituellement Démocrate depuis 30 ans et qui va perdre 1 Grand Electeur. De l’autre côté, ce sont seulement 2 Etats qui votent Républicain qui vont perdre de Grands Electeurs, il s’agit de, la Virginie occidentale et de l’Alabama, qui perdent chacun 1 Grand électeur.
En conclusion, donnant pour acquis la re-élection dans 2 jours, le 3 novembre 2020 de Trump, on peut aussi facilement prévoir que, sauf coup de théâtre, soit en 2024 qu’en 2028, c’est encore un républicain qui sera président des Etats unis d’Amérique. Mais est-ce pour cela que les grandes chaînes de télévision vont nous dire la vérité ? Bien sûr que non. Il faut qu’elles entretiennent le faux suspens, pour augmenter l’audience et gagner plus d’argent dans les spots publicitaires millionnaires en dollars. Ils jouent bien leur rôle de Souffleurs dans la pièce de théâtre qui se joue tous les 4 ans.
Faut-il devenir complotiste pour se demander ce qui fait diminuer les populations des Etats démocrates comme la Californie alors que les Etats républicains augmentent de population sans arrêt ? Est-ce que les incendies à répétition dans ces Etats y sont pour quelque chose ? Je ne saurais le dire.
Ce qu’on sait en revanche est que dans le monde entier, les forces de droite prennent de l’avance et les force progressistes perdent du terrain, comme en France où le Parti Socialiste et le Parti Communiste ont littéralement disparu en moins de 10 ans.
A suivre…
Jean-Paul Pougala
Dimanche le 1er Novembre 2020